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Au-delà des titres accrocheurs, une situation bien différente

Il y a quelques jours, Medex a publié son rapport sur l’absentéisme dans la Fonction publique fédérale pour 2024. Et ce 31 octobre, plusieurs médias ont titré : « Absentéisme record chez les fonctionnaires fédéraux ».

Un raccourci trompeur, une fake news qui ne reflètent pas la réalité du rapport 2024 publié par Medex.

L’UNSP souhaite rétablir les faits.

A. Le taux d’absentéisme a diminué dans la Fonction publique fédérale et est systématiquement inférieur à celui du secteur privé

En 2024, le taux d’absentéisme pour maladie dans la Fonction publique fédérale a diminué, passant de 6,71 % à 6,42 %.

Parallèlement, ce taux demeure inférieur à celui du secteur privé, évalué à 8,57 % par Securex.

B. Les fonctionnaires statutaires ne sont pas plus absents

L’UNSP tient aussi à répondre aux insinuations du ministre Jambon, selon lesquelles les fonctionnaires statutaires profiteraient de leur système actuel de quota de congés de maladie. Les chiffres de Medex prouvent exactement l’inverse : les fonctionnaires statutaires sont ainsi moins souvent absents pour maladie que leurs collègues contractuels

C. L’absentéisme de longue durée atteint des records en 2024… mais plus encore dans le secteur privé, et chez les fonctionnaires contractuels que chez les fonctionnaires statutaires

Dans la Fonction publique fédérale, le taux d’absentéisme de plus d’un an est passé de 1,81 % en 2022 à 1,9 % en 2024. Il s’agit effectivement du taux d’absentéisme de longue durée le plus haut jamais constaté dans la Fonction publique.

Mais dans le même temps, on constate que :

  • ce taux d’absentéisme de plus d’un an est largement supérieur dans le secteur privé (chiffres de Securex) ;
  • qu’entre 2022 et 2024, l’augmentation de cet absentéisme de plus d’un an est bien plus importante dans le privé (+ 7 % !) qu’au sein de la Fonction publique fédérale (+ 5 %)

Pourquoi dès lors stigmatiser la Fonction publique ?

On peut encore ajouter qu’en 2024, l’absentéisme de longue durée a touché proportionnellement plus de fonctionnaires contractuels (1 %) que de fonctionnaires statutaires (0,7 %).

Il est donc bien vrai que l’absentéisme de longue durée atteint des records dans la fonction publique fédérale, mais il reste nettement inférieur à celui constaté dans le secteur privé et il est également moins élevé chez les fonctionnaires statutaires que les chez les fonctionnaires contractuels.

D. 99,2 % des absences déclarées justifiées

En 2024, 99,2 % des absences pour maladie contrôlées par Medex ont été déclarées justifiées.

Seules 0,2 % des absences ont été déclarées injustifiées, et 0,6 % ont dû être écourtées.

Ces chiffres confirment la probité et le professionnalisme de la grande majorité des agents fédéraux.

E. Le stress et le burn-out : première cause d’absence

Les maladies psychiques liées au stress (burn-out, dépression, anxiété…) représentent désormais 43,7 % de la durée totale d’absence, contre 27,7 % en 2010.

Pour l’UNSP, cette progression constante est alarmante.

Elle traduit un déséquilibre croissant entre la charge de travail et les ressources disponibles.

Ce déséquilibre, identifié depuis longtemps, reste sans réponse politique et managériale.

F. L’UNSP appelle à s’attaquer aux causes structurelles

Plutôt que d’interroger les causes profondes — surcharge de travail, sous-effectifs, manque de moyens, pratiques managériales inadaptées — le débat se focalise sur la « responsabilité individuelle » des agents.

On parle de coaching, de suivi social ou de reprise accélérée, mais jamais de conditions de travail.

Les réductions budgétaires et d’effectifs successives ont pourtant rendu la situation intenable.

À force de devoir « faire plus avec moins », les agents craquent, sans reconnaissance, souvent méprisés par des déclarations politiques dénigrant leur engagement.

Les attaques systématiques du gouvernement Arizona à l’égard des fonctionnaires n’arrangeront évidemment pas la situation.

G. Un coût avant tout humain

Oui, l’absentéisme a un coût économique. Mais l’UNSP rappelle que le véritable coût de l’absentéisme est humain : derrière chaque chiffre se trouve un agent en détresse, victime d’un système sous tension, de décisions politiques aveugles et d’un management impuissant et trop souvent défaillant.

Les discours culpabilisants ne résoudront pas le problème ; une politique de prévention et de soutien doit être mise en place de toute urgence.

Les fonctionnaires méritent bien plus de respect !

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Plus de détails dans le communiqué de presse diffusé ce jour par l’UNSP. Il est disponible ICI.